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Affaiblies et déjà trop affectées par la guerre et la vie de déplacée dans le site de Kanyaruchinya, chaque jour presque, de nombreuses femmes déplacées de guerre, font face à une insécurité sans commune mesure. Viol, violences sexuelles, problème de santé ces femmes nourrissent désormais craintes et inquiétudes, désespérées pour un lendemain pourtant souhaité meilleur.   

« Nous subissons de cas de vol et d’escroquerie de la part des personnes porteuses d’armes. Elles font incursions pendant la nuit dans le site, emportant tout ce qu’elles peuvent sur leur passage. Plus graves encore, elles nous terrorisent », témoigne, avec visage sans espoir, le responsable de la sécurité des déplacés dans ce camp situé en territoire de Nyiragongo à une dizaine de kilomètres au nord de la ville de Goma. Chaque jour presque, des centaines de ménages ayant choisi de replier dans ce camp à la suite de l’insécurité due à la guerre du M23 lancée depuis février 2022 dans le territoire de Rutshuru, ne dorment pas sur leurs lauriers.

Ces hors la loi, sans foi ni lois, arrivent toujours pendant la nuit emportant tout sur leur passage. « Pendant leur sale besogne, ils nous disent qu’ils ne sont pas du gouvernement. Face à leur brutalité doublée d’une cruauté grave, armes à la main nous nous trouvons incapables de se défendre », ajoute le président des déplacés.

Déjà appauvris par la guerre, après avoir presque tout abandonné dans leurs villages, comme s’il s’agissait d’un mauvais sort, ces paisibles citoyens congolais ne vivent que par la providence divine. Gros et petit bétail, chèvre, lapin, dinde, poule, cobaye, aucun de leur élevage, pourtant seule assurance de survie restant n’est épargnée. Même des rares biens de valeur sur lesquels repose leur dernier espoir de relance économique ne sont pas épargnés. “Mes trois chèvres et quatre cobayes ont été emportés, mon dernier espoir de relance économique”, rappellent avec amertume une cinquantenaire mère de six enfants et veuve de son état.

« Nous partions chercher quoi manger avec mes deux amis, mais arriver dans le champ, nous avons rencontré des hommes armés, mes amis ont eu la chance de fuir, hélas pour moi !  Ils m’ont attrapé ils m’ont terrorisé, ils ont pris mon argent ensuite ils m’ont violé », témoigne sous anonyme une femme victime.

Des centaines de cas de viols et violences sexuelles

Plusieurs filles et femmes dénoncent les cas de violences sexuelles dans le site de déplacés de Kanyaruchinya.  En ce début de juin 2023, interrogée, ces dernières affirment avoir été violées par des personnes non autrement identifiées. Car une confusion sur la question de sécurité est perceptible de ce milieu de refuge. Il nous est sincèrement difficile de savoir avec exactitude qui contrôle, qui assure la sécurité réelle des sites de déplacés.

Face à cette cacophonie mélangée aux difficultés d’approvisionnement en denrées alimentaires, – car l’aide humanitaire n’étant presque plus disponible -, ces hommes armés, ces bandits, se replient vers les ménages des déplacés tandis que d’autres les attendent dans les champs, afin de se ravitailler de force en nourriture. Harcelant tout en abusant sexuellement de nombreuses femmes contraintes de céder à leur atrocité. A ce jour, le rapport des ONG documente des centaines de femmes victimes abus et des violences sexuelles.

« Plusieurs femmes et filles déplacées de guerres vivant à Nyiragongo se sont fait violer et d’autres les sont presque chaque jour », regrette une autre déplacée cinquantenaire. D’après son témoignage, elles sont souvent violées dans le champ à la recherche de la nourriture et le bois de chauffe.

Briser le silence

Visiblement abandonnées à elles-mêmes, face aux atrocités et au danger toujours permanent, les victimes éprouvent de la peine à dénoncer ce mal qui les tourmente. A ceux-là s’ajoute la honte d’être connue comme telle, la peur de perdre leur mariage ainsi que la stigmatisation dans la société. Conséquence, plusieurs parmi les victimes sont contraintes à un silence absolu.

Toutefois, certaine très tourmentée, face aux maladies et grossesses non désirées, en dépit de tumultes se décide petit à petit à briser ce silence coupable. « Je ne pouvais pas le dire ni à mon mari ni à l’hôpital, j’avais caché cet acte effroyable. J’avais juste dit que j’étais malade et voilà la conséquence jusqu’à ce moment mon bas-ventre continue à me faire mal. Je sens des chatouillements sur mes parties intimes. Je ne veux pas que mon mari le sache et je refuse que l’hôpital ou que quelqu’un d’autre le sache, car la nouvelle sera éparpillée comme la fumée ». Autant de pareils récits révoltants gravaient désormais au quotidien de nombreuses femmes. Elles sont nombreuses dans pareil cas. Une attention particulière est tellement souhaitée afin de soulager ses souffrances atroces qui détruisent à petit feu l’avenir de ces femmes. Alors que certains humanitaires tentent d’y apporter une solution, toujours minime, une attention particulière de la part du gouvernement pourrait apporter un plus.

La Rédaction

 

Une réflexion sur “ Nyiragongo : Femmes déplacées , la difficile vie contrainte aux violences sexuelles

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