17 3 minutes 4 ans

(Syfia Grands Lacs/RD Congo) Au Nord-Kivu, malgré l’insécurité accrue sur le tronçon Goma-Butembo, les véhicules privés et commerciaux font sans cesse des rotations. Il y a peu, on enregistrait 5 à 15 morts sur cette route par semaine.
Un bilan qui s’explique par les tentatives des chauffeurs d’échapper aux embuscades de pillards armés non identifiés. Prudents, les conducteurs freinent désormais 15 mètres devant les coupeurs de route. Une stratégie qui diminue sensiblement les assassinats, mais accroît les pillages, les voyageurs donnant sans hésiter leurs biens précieux (bijoux, téléphones, argent, etc.) pour que les bandits épargnent leurs vies.
Certains endroits, dits “zones rouges” sont particulièrement sensibles, comme le pont Mabenga, à l’entrée vers le site de Rwindi dans le parc des Virunga. “D’habitude, je dis à mes passagers de prendre en mains leurs téléphones, car les pillards commencent toujours par demander ces appareils. Mais, il y a quatre jours, nous avons été arrêtés par ‘Monsieur 20 $’. J’ai prié tout le monde de satisfaire sa demande”, témoigne le chauffeur d’une agence de voyage de Goma.
Ce surnom de “Monsieur 20 $” a été attribué à un coupeur de route qui exige toujours cette même somme de chaque passager. Curieusement, si vous lui donnez plus de 20 $, il vous rend la monnaie sans hésiter… Rencontré à l’hôpital, un blessé par balle nuance la gentillesse présumée de ce bandit : “J’ai toujours entendu parler de ‘Monsieur 20 $’, mais le jour où je l’ai vu, j’ai constaté que c’était un jeune de mon quartier. Raison pour laquelle il m’a tiré dessus…” Selon un ancien chauffeur, il est difficile de préciser les vraies identités de ces bandits qui se réclament tour à tour des interahamwe, des maï-maï ou des forces armées congolaises… “Ce sont aux autorités politico-administratives et militaires de nous aider à nous débarrasser de ces voleurs, poursuit-il. Nous souffrons depuis trop longtemps !”
Alain Wandimoyi, Mustapha Mulonda