Une lueur ardente est de nouveau visible sur le sommet du deuxième volcan encore actif en RDC, le Nyamulagira. Cette énième éruption qui intervient au moment où il s’observe une grève à l’Observatoire volcanologique de Goma, inquiète la population. Alors que les spécialistes rassurent, la société civile, déplore la légèreté avec laquelle la question de l’OVG est gérée.
C’est depuis la nuit du dimanche 13 au 14 octobre 2024, que le Nyamulagira est entré en éruption. Depuis lors, sur des images satellites prises, l’on observe trois principales coulées des laves distinctes sortant du cratère. ‘’ Elles se dirigent vers les flancs nord, ouest et sud-ouest. La plus avancée a déjà parcouru plus de 7km dans le parc’’, explique Charles BALAGIZI, directeur scientifique de l’Observatoire volcanologique de Goma.
Situé à côté du volcan NYIRAGONGO, le volcan NYAMULAGIRA reste l’un de deux les plus dangereux et encore actifs à l’Est de la RD Congo. Le plus souvent, son éruption inquiète la population, au point de penser qu’elle pourrait provoquer celle de son voisin le Nyiragongo. ‘’Cette éruption date du mois de juillet 2024’’, affirme Georges MAVONGA, le directeur de l’OVG. Et de poursuivre ‘’on s’attendait à ce que ça s’arrête mais curieusement il y a eu un regain d’activité, très forte dans le cratère’’.
Se dirigeant vers le parc national des Virunga, l’éruption de NYAMULAGIRA qui intervient après celle du 14 mars 2023, qui avait aussi pris la même direction, dévaste des milliers d’hectares de forêts du parc. Des végétations entières sont détruites mais n’atteignent pas les zones peuplées.
Surveillance compliquée
Depuis le déclenchement de la rébellion du M23, il y a deux ans, la zone du parc des Virunga reste sous contrôle de ce mouvement rebelle. Et personne parmi les agents et spécialistes de l’OVG, des partenaires compris, n’a effectué aucune mission d’observation sur les deux volcans situés dans cette zone sous influence rebelle.
Mais aussi, cette éruption qui intervient après celle du Nyiragongo du 22 mai 2021, arrive au moment où l’Observatoire volcanologique de Goma, traverse une période de turbulences, dû aux mouvements des grèves. Le 13 septembre 2024, alors qu’ils étaient en grève partielle, les agents de l’OVG ont déclenché une grève sèche le vendredi 13 septembre 2024 réclamant plusieurs mois de retard de paiement de la prime spécifique de la part du ministère de la recherche scientifique. Lors de son passage à Goma, face aux difficultés de fonctionnement et de prise en charge constatées, le Président de la République, Félix-Antoine TSHISEKEDI, avait décidé du paiement régulier de cette prime aux agents de la seule institution d’observation des volcans au Nord-Kivu. « Cette prime, n’est plus payée depuis neuf mois pour des raisons diverses notamment la mise en place de la nouvelle équipe gouvernementale », a reconnu le Georges MAVONGA.
Face à la gravité de la situation, réuni autour du Gouverneur militaire intérimaire, ses agents grévistes avaient décidé d’un allégement de leur mesure. Après que l’autorité provinciale a promis de faire le plaidoyer auprès du gouvernement central ; mais aussi de suppléer à certaines charges de fonctionnement de l’Observatoire. Une pénible situation de grève qui rend difficile aux volcanologues, l’accès aux données de surveillance des volcans Nyiragongo et Nyamulagira. De quoi inquiéter davantage la société civile. « L’Etat congolais, doit tout mettre en œuvre afin de rendre l’OVG plus opérationnelle avec des moyens conséquents », affirme l’un des responsables de la société civile et de conclure « en plus, qu’il mette fin à la guerre en rendant accessible, les deux volcans, aux scientifiques de l’OVG’ ». Pour l’heure, l’éruption du Nyamulagira n’a fait aucune victime civile. Elle n’a atteint à ce jour aucune zone habitée. Mais aussi et surtout aucune situation dangereuse n’est signalée dans l’activité tectonique du volcan Nyiragongo.
Patient Ndoole