A plus de trois ans de guerre contre le gouvernement RD congolais, la rébellion de l’Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars, a conquis d’importants pans entiers du territoire. Dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, dont une très grande partie est passée sous contrôle de ce mouvement politico-militaire, des nouveaux animateurs politico-administratifs, ont été nommés et installés. Ils gèrent désormais au quotidien l’administration locale.
Il y a presque deux semaines, les administrateurs des territoires de WALUNGU et ceux d’IDJWI ont été installés par le Vice-gouverneur AFC/M23 DUNIA MASUMBUKO Doux, en charge de l’administration. Ce sont des cadres politico-militaires du mouvement rebelle qui ont été portés à la tête de ces entités en province du Sud Kivu. Leurs nominations interviennent plus d’un mois après que les forces de l’ARC ont pris le contrôle d’une bonne partie de la province du Sud Kivu.
« L’AFC/M23 souhaite combler le vide administratif, laissé par des anciennes autorités nommées par le pouvoir de Kinshasa et qui ont fui face à l’avancée de la rébellion », expliquait le Vice-gouverneur DUNIA MASUMBUKO, lors de l’installation de ces autorités, dont certaines nommées depuis le 6 avril 2025.

Chefs de cités, bourgmestres des communes, administrateurs des territoires et gouverneurs ont été nommés au Nord tout comme au Sud-Kivu par Corneille NANGAA, coordinateur de l’AFC/M23. Une façon pour ce mouvement de consolider son emprise dans les zones passées sous son contrôle. Mais jusque-là, la plupart des cadres de base, Chefs des quartiers, chefs d’avenue, … sont restés en place et répondent désormais aux nouvelles autorités. Il en est de même de certains collaborateurs au niveau territorial, communal et provincial, qui a bénéficié de la confiance des nouvelles autorités nommées par la rébellion : « En notre qualité d’agents de l’administration publique, et en patriotes congolais, nous avons l’obligation de continuer à travail, dès le moment où les nouvelles autorités, ont renouvelé leur confiance en nous », témoignent ces cadres au niveau de l’administration provinciale et urbaine au Nord Kivu.
Enfin de mieux s’intégrer, la plupart d’entre ces cadres, sont allés suivre pour quelques jours, la formation idéologique, offerte par la rébellion : « En fait c’est quelque chose d’important pour eux. Cela leur permet de se débarrasser dans leurs esprits des anciennes pratiques décriées, qui les caractérisaient sous le régime TSHISEKEDI », confie un haut cadre du mouvement rebelle.

Dans le souci du changement que promet la rébellion, il était important que les gestionnaires de services étatiques et paraétatiques, actuels puissent se débarrasser des anciens et mauvais comportements, qui ternissaient même l’image de la République’’, raconte Mme Souzane ABEDI, la cinquantaine et commerçante de son état.
Des administrateurs prêchent d’exemple
Déjà sur certains aspects des changements notables sont signalés à la grande satisfaction de la population : « Le SALONGO (travail communautaire), qui était très peu suivi, est devenu une affaire de tous. Chaque samedi, jour du SALONGO, tout le monde s’y implique avec les autorités urbaines et provinciales que nous voyons régulièrement à pied d’œuvre », témoigne Isaac KAHATWA, taximan moto. Et AMANI, Marina, une ménagère d’ajouter : « Le fait de voir le Maire de la ville en personne faire le SALONGO chaque samedi et dans nos quartiers ce n’est jamais arrivée. C’est une pratique qui nous interpelle ». Et Mme ASHA TEMBELEYA de renchérir : « Dans nos boutiques et magasins, nous ne voyons plus pour l’instant la myriade des agents des services de l’état qui passaient pour des taxes innombrables. » Avant de conclure : « Seulement, compte tenu des défis sécuritaires et économiques actuels, nous sollicitons que les autorités de l’AFC/M23, puissent revoir le taux de taxation ».
Sam Balingene