Acteurs politiques de tout bord, acteurs sociaux et activistes au sein des mouvements citoyens, professionnels des médias, tous jeunes, se sont retrouvés autour d’un café politique, afin de parler de leur responsabilité dans la prévention des conflits. Avec l’appui de la section affaires politiques de la Monusco Goma, cette réflexion tombe à pic dans une province en proie à une instabilité sécuritaire.
Organiser par la section affaires politiques de la Monusco Goma avec la Dynamique des jeunes pour la promotion de la citoyenneté (DJPC en sigle), ce café politique a été une aubaine pour les participants. ‘’Nous réunir ainsi afin de nous permettre d’échanger sur notre apport pour le bien de notre pays est quelque chose de louable’’, reconnaît Christophe Muisa, du mouvement citoyen Filimbi saluant à l’instar de tous les participants, cette ingénieuse initiative de la Mission onusienne. Avant d’interpeller les autorités politico-administrative, ‘’Les autorités doivent aussi initier ces genres de rencontres afin d’interpeller la jeunesse face à leur responsabilité dans la prévention des violences et la consolidation de la cohésion sociale’’.
Acteur de la violence, acteur de développement
Prenant la parole en ouverture de cette activité, Julien Kingnide Olihide, officier des affaires politiques à la Monusco Goma a rappelé que sa section a mise en place pareilles cadres afin de faciliter des échanges entre tous les acteurs socio-politiques et différents partenaires autour des questions liées à des thématiques sur la paix, la cohésion sociale et la sécurité. ‘’C’est un cadre d’échange en toute franchise, de dialogue dans le respect des uns et des autres sans chercher à vexer ni l’un ni l’autre’’, a-t-il insisté.
Depuis plus de trois décennies l’Est de la Rdc en générale et la province du Nord-Kivu en particulier font face à une instabilité sécuritaire d’une grande ampleur. Les conflits armés quasi permanents, se sont communautarisés. Ils ont engendré et exacerbé les tensions communautaires, les violences aussi impliquant toutes les couches de la population. Conscient de la dégradation de la situation socio-sécuritaire actuelle, la DJPC, a pris l’engagement de mettre les acteurs socio-politiques face à leur responsabilité, les jeunes surtout. ‘’La promotion de la citoyenneté responsable reste notre grande bataille’’, rappelle Radjabu Djuma, responsable de cette organisation. ‘’La jeunesse qui devait être au centre du développement est malheureusement aujourd’hui au centre de la violence’’, regret-il.
Le défis reste immense. ‘’Le mal est profond d’où il faut une réelle prise de conscience chacun jouant son rôle pour l’intérêt commun’’, exhorte Sankara, un acteur politique de l’Union sacrée de la Nation. Et Mme Suzi activiste au sein des mouvements citoyens d’ajouter ‘’la responsabilité est partagée entre tous les acteurs intérieurs qu’extérieurs’’. Avant de lancer un plaidoyer pour des échanges fréquents avec les décideurs politiques.
Le changement aujourd’hui et maintenant
Depuis l’indépendance, le pays fait face à des situations d’instabilités socio-politiques. Des guerres de sécession en passant par celle de l’Afdl jusqu’à celle du M23 actuellement en cours. Nonobstant sa diversité culturelle, et ses potentielles ressources naturelles que regorgent son sol et sous-sol, la Rdc n’a jamais pu relever le défi du sous-développement. Elle est devenue victime de ses propres ressources convoitées par des prédateurs, pour qui tous les moyens sont bons afin d’en profiter. C’est la raison même, admettent plusieurs experts, de la résurgence, des situations d’instabilité sécuritaire avec des conflits armés et des guerres quasi permanentes. Elle reste piégée par ses propres ressources.
Avec comme grand acteur et vecteur, la jeunesse. Elle constitue la majorité des combattants dans les forces et groupes armés. Elle est au-devant des révoltes, des marches souvent les plus violentes et au cœur même des acteurs de violences de tous genres, dont elle-même reste victime malheureusement. De quoi interpeller Christian Tombo Kamundala, Coordonnateur de l’Union Sacrée de la Nation au Nord-Kivu ‘’Le changement c’est aujourd’hui et maintenant. Il est de la responsabilité de nous tous citoyens de ce pays. Et tous avons un rôle à jouer afin d’y arriver et de la bonne manière.’’
Pour y arriver, la prise de conscience est indispensable. ‘’Arrêtons de se victimiser alors que nous-mêmes jeunes faisons partis du problème. En même temps victimes de ces conflits, sommes aussi ses principaux acteurs. Ce sont nous qui constituons les forces dans les rangs des groupes armés, se sont nous qui souvent sommes manipulés par les politiques malheureusement’’, reconnaît visage plein de regret Frank Mputu, d’Ensemble pour la république, parti membre de l’opposition. Et d’ajouter ‘’éduquer à la prévention des conflits est très indispensable’’. ‘’il faut rejeter la violence sous toute ses formes’’, ajoute Moïse Hangi de la Lucha pour qui, mener un plaidoyer en faveur de la réparation des dommages liés à ces conflits est un plus pour les victimes.
‘’Ce qui nous assemble doit être plus important que ce qui nous divise’’, ont admis les participants conscients de la gravité de la situation qui guette le pays, pour lesquels, l’important, est de traduire ce message en acte. Le problème de l’Afrique se sont les africains, le problème du Congo se sont les congolais. Face aux enjeux de l’heure, ‘’il faut développer et consolider une dynamique interne, une organisation en interne pour être fort et à même de surmonter les difficultés qui se dressent sur le chemin du développement de la Rdc’’, pense Julius Fondong, Conseiller principal aux affaires politiques de la patronne de la Monusco.
Patient Ndoole