Ethnie Teké, Ba Teké (peuple de deux Congo et du Gabon)
Les Teke – ou Tékés forment une population bantoue d’Afrique centrale partagée entre l’ouest de la République démocratique du Congo, le sud de la République du Congo et, minoritairement, le sud-est du Gabon. Le terme bateke désigne « le peuple des Teke », le préfixe ba étant le signe du pluriel.
Teke (peuple)
Successeurs des pygmées dans l’occupation du Congo-Brazzaville et Congo-Kinshasa, ils sont fondateurs du grand royaume Téké, rival du royaume Kongo. Leur roi, connu dans l’histoire sous l’appellation de Makoko, signa le 3 octobre 1880 à Mbé, capitale de son royaume, un accord avec l’explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza.
Population
Les Téké sont minoritaires au Gabon, 54 000 se trouvent dans la région de la province du Haut-Ogooué. Feu le président Omar Bongo et l’actuel président Ali Bongo sont Téké.
En République du Congo, les Téké forment 18 % de la population et se trouvent dans la région des Plateaux, de la Lékoumou, de la Cuvette ouest (où ils sont appelés Mbéti et Tégué), du Niari (où ils sont nommés nzabi), de la Bouenza et la région du Pool.
En République démocratique du Congo, 267 000 Téké sont situés dans la province du Bandundu, district des Plateaux, et la ville-province de Kinshasa.
Étymologie
Le mot « Anzico » viendrait de la phrase anziku nziku qui, en langue kikongo, signifie « courir » et désignait les habitants au-delà du nord du royaume de Kongo, particulièrement les Batéké appelés aussi Tio ; cette appellation concernait aussi les Punu et d’autres encore Le royaume (du/de) Makoko, quant à lui, fait allusion à l’appellation du souverain, nommé Makoko.
Histoire
Le royaume Tio (ou Tyo), royaume Batéké, royaume Anzico ou encore royaume (du/de) Makoko était un État de l’ouest de l’Afrique centrale, à l’est de l’actuel Gabon et à l’ouest de l’actuelle république du Congo et la RD Congo.
Fondé au xviie siècle, le royaume perdure jusqu’au xixe siècle, en partie grâce à son relatif isolement, loin des pouvoirs côtiers et des influences européennes. Mais après les Portugais, d’autres Européens s’intéressent à la zone ; en 1880, Pierre Savorgnan de Brazza, en mission non-officielle pour le compte de la France, est en compétition avec Henry Morton Stanley, en mission pour le compte du roi de Belgique Léopold II, chacun œuvrant pour le développement colonial de son commanditaire via l’Association internationale africaine ; Brazza signe en 1880 le traité de Makoko avec Illoy Ier, qui place son royaume sous la suveraineté de la France ; les Français installent un poste qui deviendra Brazzaville.
Un an plus tard, Ngaliema Insi, « ancien esclave enrichi », chef du village Kintambo sur la rive gauche du Congo (actuelle ville de Kinshasa), qui « représente l’autorité du Makoko de Mbé auprès des chefs Bateke du Pool », signe avec Stanley un traité d’amitié. Dans le même temps, en 1884, le Portugal et le Royaume-Uni signent un traité visant à empêcher l’accès à la mer pour l’Association internationale africaine. Ce sont les débuts de la colonisation. Ce traité Makoko est une des causes de la convocation de la conférence de Berlin, en 1884-85, visant, entre autres, au partage du Congo entre les puissances européennes.
VIE SOCIALE
Le royaume Téké était dépourvu de division clanique. Le principe d’organisation majeur était la chefferie. Le village est l’unité sociale la plus importante. La religion est la croyance aux esprits des ancêtres qui ne sont jamais morts et qui sont là aux côtés des vivants. Quant à l’Esprit Supérieur, il habite les chutes de la rivière Léfini. C’est le Nkwe Mbali qui protège le royaume et sert le roi. Les esprits peuvent agir partout et au service de l’homme disposant d’un sanctuaire approprié.
VIE POLITIQUE
La situation politique du royaume téké a été stabilisée une génération avant makoko ILOO. La terre était divisée en petits domaines confiés à des chefs qui n’avaient en fait droit qu’aux tributs de la chasse et rendaient la justice. En retour, les chefs de terre reversaient un tribut aux seigneurs, et ces derniers dépendaient des grands seigneurs de la couronne. Les grands seigneurs occupaient des fonctions déterminées par rapport au roi. Il s’agissait soit des fonctions rituelles ou d’autres fonctions administratives. Un chef de terre pouvait changer de seigneur, à qui il payait le tribut pour sa sécurité. Cela provoquait quelques fois des conflits entre seigneurs. Heureusement, les guerres étaient régies de façon à limiter des pertes humaines. Pour limiter les rivalités entre seigneurs, deux sanctions étaient prévues par la loi : ravager les cultures par les lions de Nkwa Mbali provoquer des inondations et des tornades.
VIE ÉCONOMIQUE
La société téké vivait des activités suivantes : agriculture, pêche, chasse, artisanat et commerce.Sur les plateaux Batéké, on cultivait du maïs, du manioc, de l’arachide, du tabac et du raphia. Les cultures commerciales étaient essentiellement le tabac et le raphia (pour les tissus). Les activités artisanales étaient la poterie, le tissage et la sculpture. Les tisserands fabriquaient des pagnes en raphia et les forgerons utilisaient du fer importé. Les produits à l’exportation étaient des esclaves et de l’ivoire. On importait des tissus européens, des fusils et des poudres. Le réseau commercial a profondément bouleversé la société. A partir du XVIIIè siècle, on ne fond plus le fer mais on achète plutôt du sel importé. Le fusil remplace l’arc et les lances, et les tissus importés font baisser le tissage. Le principal bouleversement social dû au commerce fût l’introduction de la monnaie. Cette introduction s’est faite d’abord sur les bords du fleuve avant de gagner l’intérieur des terres. Les pièces de monnaies étaient des anneaux de cuivre ngiele ou les baguettes de laiton mitako. A l’ouest du royaume, on utilisait les tissus raphia comme monnaie d’échange. Ensuite le tissu européen va détrôner le raphia.
Makoko de Mbé vers 1880
Le Makoko de Mbé est le roi des Téké, le chef du royaume Tio. Il porte le titre de Onko ou Ma-Onko (déformé en « makoko ») et est le chef de Mbé ainsi que de tous les Tékés. Son nom lui donne le pouvoir sur un territoire situé principalement au centre de ce qui est actuellement la République du Congo, une partie du Gabon et une partie de la République démocratique du Congo avant l’époque coloniale.
Ngalifourou, Reine du royaume Téké
Fille de Bokapa, Ngalifourou nait en 1864 à Ngabé, sur la rive droite du fleuve Congo. Elle fait partie du peuple Téké, population bantoue qui vit en Afrique centrale, entre la République démocratique du Congo (RDC ou Congo-Kinshasa) et la République du Congo (Congo-Brazzaville). Son nom signifie « maîtresse du feu ». A quinze ans, Ngalifourou épouse Iloo, roi du royaume Téké, en tant que seconde femme. En 1879, elle devient l’épouse principale du roi, sa première conseillère et sa reine, et règne à ses côtés, pesant sur les décisions du royaume. A la mort de son mari, elle monte sur le trône. Par la suite, elle épouse différents rois qui se succèdent à la capitale du royaume, Mbé, mais ne perd jamais son influence et son pouvoir. Elle est réputée, également, pour sa grande sagesse, sa prestance et son courage.
Ngaliema Insi
Ngaliema, aussi appelé Mukoko, qui signifie «prince» est un chef de terre et l’un des nombreux frères du roi Makoko. Le Makoko de Mbé est le roi des Téké, le chef du royaume Tio. Il porte le titre de Onko ou Ma-Onko (déformé en makoko) et il est le chef de Mbé, ainsi que de tous les Tékés. Son nom lui donne le pouvoir sur un territoire situé principalement au centre de ce qui est actuellement la République du Congo, une partie du Gabon et une partie de la République Démocratique du Congo, avant l’époque coloniale.
Selon une certaine croyance, le Pool Malebo contenait des esprits maléfiques et le Makoko (le roi) ne pouvait s’approcher des eaux du fleuve Congo. Aussi prit-il soin de nommer des proches, frères et cousins, comme chefs de terre à travers l’ensemble de son royaume.
Ngaliema a été nommé chef de la région connue aujourd’hui comme Kinshasa. Ces chefs tribaux étaient des représentants du roi, et ont été traités comme tels. Ils rapportaient au roi les nouvelles d’un royaume qu’il ne pouvait pas voir de ses propres yeux.
En 1877, au village téké de Kintambo, Ngaliema rencontre Stanley qui descend le fleuve Congo. Celui-ci se fait promettre la possibilité de revenir s’installer sur le site. Francis Pocock fait un « pacte de sang », signant ainsi le traité.
Le 1er décembre 1881, envoyé par Léopold II de Belgique, Stanley arriva sur le site, qui est aujourd’hui le mont Ngaliema, où il fondera plus tard le poste de Léopoldville (aujourd’hui Kintambo) sur les rives de la baie qui porte aujourd’hui son nom. Le 24 décembre 1881, ce dernier signe le « traité de l’amitié » avec Ngaliema, se voyant octroyé un droit d’établissement, comme droit de propriété. Connu pour son insoumission à l’égard du Makoko de Mbé Illoy Ier, roi des Tékés des deux rives du fleuve Congo, Ngaliema et Stanley passèrent outre le traité signé entre Pierre Savorgnan de Brazza et Illoy Ier, traité signé pour le compte de la France. Stanley et Ngaliema signèrent ce traité en mélangeant leur sang prélevé sur leurs avant-bras.
Stanley dut passer un autre accord avec le Makoko des Tékés quelques années plus tard.
Selon Mbumba Ngimbi, auteur du livre Kinshasa 1881-1981 – 100 ans après Stanley, problèmes et avenir d’une ville, Ngaliema serait un sobriquet signifiant « celui qui a plusieurs femmes » et son vrai nom était peut-être « Insi ».
Les descendants du Ngaliema Mukoko vivent encore à ce jour.
Ceux qui ont droit au trône de Ngaliema portent à ce jour le nom Ngaliema ‘Mukoko’. Ce nom reste la marque de leur lignée royale.
Par : Congo-autrement.com
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