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Alors que la région Est de la RDC fait face à une recrudescence des cas d’abus aux droits de l’homme, la Monusco à travers la section protection de l’enfant a organisé un atelier de renforcement des capacités en faveur des points focaux protections, lanceurs d’alerte et membres de GTPE sur les mécanismes de surveillance et communication sur les violations graves de droits de l’enfant. Objectif, endiguer le recrutement des enfants.

’La priorité des priorités de la Monusco c’est la protection des civils’’, s’est ainsi exprimé Julius Fondong, le chargé des affaires politiques au bureau de la Monusco GomaEn ouverture de cet atelier qui a duré deux jours, Il a voulu ainsi rappeler aux participants les attentes que la mission onusienne place en eux à l’issue de cette session de formation.

Dans le contexte de l’instabilité socio sécuritaire qui sévisse au Nord-Kivu, la synergie d’efforts est d’une importance vitale afin de préserver les enfants de tout abus dont le plus souvent, malheureusement, ils sont victimes de la part des groupes armés et de fois de l’armée régulière. D’où l’interpellation du Col Théo, coordonnateur en province du Groupe de travail technique conjoint (GTTC en sigle) ‘’Chaque recrutement au sein des FARDC se passe en collaboration avec l’Unicef, la Section protection de l’enfant et le PDDRCS’’, a précisé cet officier supérieur visiblement impliqué dans la lutte contre l’enrôlement des enfants au sein de l’armée et des groupes armés.

Six graves violations

Meurtre et mutilation d’enfant, recrutement et utilisation d’enfant, viols et violences sexuelles contre les enfants, enlèvement d’enfants, attaques contre les écoles et hôpitaux et refus d’accès à l’assistance humanitaire aux enfants, les six graves violations des droits de l’enfant en période de conflit armé scruté par les participants tout au long de cet atelier.

‘’La protection implique trois principaux acteurs différents : l’agresseur, le protecteur et la victime’’, a dit Justin VUGUVUGO modérateur de la formation et l’un des piliers au sein de la section protection de l’enfant à la Monusco. Avant de rappeler que son département a entre autres mandats : collecter, documenter et rapporter les informations sur les violations graves de droits des enfants ; plaidoyer et renforcement de capacités des acteurs étatiques, société civile et les enfants pour prévenir les violations ; lutter contre l’impunité, suivi judiciaire et soutien à la poursuite contre ceux qui commettent ces violations, …

Afin d’y arriver, Serge BABONE, de l’Unité affaire civile de la Monusco, a dans son exposé souligné les outils de protection indispensables.  Il s’agit notamment : des assistants des liaisons communautaires, des comités locaux de protection et du réseau communautaire d’alerte. La combinaison de ces structures a conduit à la signature par 13 groupes armés du Nord-Kivu, de la feuille des routes ; dans laquelle, ils s’engagent à ne plus recruter des enfants au sein de leurs mouvements. Cela a ainsi permis de réduire les menaces auxquelles étaient exposés de nombreux enfants. ‘’Nous pouvons dire que, de plus en plus des groupes armés sont devenus réticents à recruter des enfants à la suite de cette combinaison d’efforts des différents acteurs’’, a révélé Justin VUGUVUGU

Synergie d’intervenants

En interne comme à l’externe, la Monusco a mis en place des stratégies permettant d’endiguer d’éventuels cas d’abus sexuels, a expliqué Olivier AKILI Team Assistant da la section Conduite et discipline. Elles se reposent sur trois piliers : la prévention avec des formations à l’interne et à l’externe ; la gestion de la base de données ainsi que l’assistance aux victimes. L’accent reste mis sur les abus et exploitations sexuelles et un suivi particulier est assuré tout au long d’éventuel procès y compris dans le pays de l’auteur d’abus.

Parlant des généralités sur les droits humains et protections des victimes et témoins, il a été rappelé la différence et le rapport entre violation, abus de droit de l’homme. « Il y a violation de droits de l’homme quand l’auteur est revêtu d’un pouvoir public alors que l’on parle d’abus quand c’est causé par un acteur non étatique », a précisé Timothée, l’un d’éminents experts à la section droits de l’homme.

Contribuera la consolidation de la paix et de la cohésion dans les communautés, reste l’objectif du PDDRCS. Parlant du mandat de son institution, Patrice-Emery Kwete, Chef de section chargé des ESAFGA a dit que la nouvelle vision de ce service désormais rattaché à la présidence de la république donne priorité aux communautés. Chaque activité présentée par un candidat à la démobilisation doit être une expression d’un besoin ressenti dans sa communauté afin de lui faciliter une meilleure réinsertion. Avec comme finalité réintégrer l’ex combattant dans une vie nouvelle pour la cohésion, la cohabitation pacifique et le développement.

En lanceur d’alerte, les participants ont été interpellés sur l’importance de la discrétion et du professionnalisme. Dans tout monitoring, l’intérêt supérieur de l’enfant doit primer alors que l’agent est appelé aussi à veiller à sa propre sécurité. Une bonne technique de sensibilisation communautaire, pour un bon lanceur d’alerte, repose sur deux piliers à savoir : informer, sensibiliser, faire connaître et vulgariser sur les six graves violations de droits de l’enfant ; et faire agir avec intervention à travers les médias et actions d’appui. « D’où la nécessité de savoir quand et comment tirer une bonne photo, celle qui parle sans exposer la victime », a ainsi expliqué Jacques Miroza, assistant programme à la section protection de l’enfant.

315 enfants séparés des groupes armés

Dans le souci de mieux faire, le point focal protection de l’enfant à la 34ème région militaire, le Lieutenant-Colonel de FARDC Matthieu SHAGALI a souligné que « la protection est une synergie ». Le plan d’action qui s’applique pendant les conflits armés requiert quatre stratégies : la séparation, la protection, la prévention, la réponse ainsi que la lutte contre l’impunité. L’implication du gouvernement a permis de délister les FARDC dans la liste noire des armées recrutant et abusant des enfants soldats a-t-il dit.

‘’Donner à tous les mêmes chances, mêmes avantages que l’inégalité ne puisse se perpétuer’’, a insisté Achille, de la Section Genre à la Monusco avant de conclure « l’intégration est un préalable pour le développement. L’on ne peut pas développer notre société sans la participation de la femme ». Parmi les contraintes majeures à l’intégration de la femme en RDC, il faut signaler, la pauvreté, les coutumes, le modernisme, les religions, l’analphabétisme, l’insuffisance de l’instruction, …

Jusqu’en 2018, ses différents efforts et stratégies mis en synergie ont produit des résultats palpables et encourageants. 315 enfants dont 56 filles séparées des groupes armés. 739 enfants séparés et remis à l’Unicef et aux organisations partenaires locaux, dont le CAJED. « Avec cette implication, il y a changement de comportement par des groupes armés, une diminution des recrutements des enfants et un rapprochement avec les communautés », a révélé Justin VUGUVUGU

 Patient Ndoole