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Entre 2014 et 2022, l’on note environ une dizaine des cas d’assassinat des journalistes au N-K. Si la question qui divise consiste à établir si oui ou non leurs assassinats sont liés à l’exercice de leur fonction, il n’en demeure pas moins qu’avant tout, ce sont des citoyens congolais à part entière. Ils jouissent pleinement du droit à la vie consacré à l’article 16  de la constitution de la RDC et qui ne peut être attenté d’aucune manière.

Au tour de six cas documentés par le réseau des medias pour le développement ‘REMED’ et son partenaire ASADEM « Association d’Avocat pour la Défense des Médias», aucun n’a été résolu par la justice. Des années après leurs assassinats, le sang de ces journalistes crie toujours pour que justice soit faite ! Depuis, des organisations de défense des droits des journalistes, entre autre Journaliste En Danger ‘JED’ et ‘ASADEM’ s’investissent sur ce terrain. Toutefois, l’issue n’est toujours pas à la hauteur des dossiers.

La majorité est soldée par un classement sans suite après des enquêtes dont certaines sont douteuses selon des avocats et des magistrats. Interrogé sur quelques cas, le premier substitut du procureur de la République affirme que quasiment tous sont classés sans suite. « L’auteur principal est décédé […] l’affaire a été classée sans suite […] » s’est-il confié par rapport aux dossiers d’assassinat des  journalistes. Dans la foulée, pour le cas du journaliste Robert CHAMWAMI, de la RTNC, assassiné en décembre 2014, à Goma, une plainte contre inconnu avait été déposée pour inciter le procureur de la république, avocat de la société, à rechercher l’auteur de ce crime pour le traduire en justice, une initiative qui rentre naturellement dans ses attributions. Comme évoquer dans les lignes précédentes, ici aussi on se heurte au problème du classement sans suite.

L’ASADEM, une association d’avocat qui défend les médias en partenariat avec REMED appuyé par l’UNESCO- Fonds mondial pour la Défense des Médias depuis sa création tente quelques actions réparatrices en justice. Le cas de Barthelemy KUNABANDU est illustratif, des enquêtes judiciaires à Kitchanga avaient réalisées été réalisées et une plainte avait été déposée à l’auditorat militaire de Goma mais le procès n’avance pas car la partie civile ne se constitue pas. Dans son rapport sur les crimes commis contre les journalistes au Nord-Kivu du 02 novembre 2021, l’ASADEM indique être en pourparlers avec l’UNPC pour que celle-ci se constitue en partie civile en tant que famille professionnelle pour légitimer l’action en cours.

Depuis de longues décennies, les journalistes congolais travaillent dans des conditions de sécurité incertaines, notamment dans l’Est du pays infesté par des groupes armés et des armes incontrôlées. A cela s’ajoute le retard pris par la RDC dans le processus de sa démocratisation qui fait que les journalistes sont régulièrement menacés dans leur travail que ce soit par des individus dépositaires du pouvoir public, des miliciens et des particuliers. L’adoption par l’assemblée nationale, début Avril 2023 , du texte modifiant et complétant l’ancienne loi sur la liberté de la presse datant de 1996, donne aux professionnels de la presse une lueur d’espoir pour voir leurs conditions de travail s’améliorer.

A la veille de la journée mondiale de la liberté de presse le 3 mai prochain, en attente du theme de la journée et des directives de Kinshasa la capitale, madame Rosalie ZAWADI, la présidente de l’Union National de la Presse au Congo ‘UNPC’ section Nord-Kivu  fait savoir « nous allons projette un documentaire centré sur l’ état de lieu de la presse au Nord-Kivu, ce sera l’occasion parfait de revenir sur les cas des journalistes assassinés dans la province » et à elle d’ajouter « au cours de la commémoration de la journée mondiale de la liberté de la presse qui se tiendra à l’hôtel Serena, la nouvelle loi sur la presse et la nouvelle loi sur le digital feront l’objet des différents exposé l’opportunité pour chaque professionnel de medias de s’approprier ces outils juridiques à portée des mains »

De son côté, le point focal JED, Monsieur TUVER WUNDI ajoute qu’une équipe pédagogique du JED étudie les faisabilités de la célébration.

 

M.S.

4 commentaires sur « Assassinat des journalistes au N-K : entre une famille professionnelle hésitante  et une justice de classement sans suite, l’impasse de la réparation… »

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