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Ba Nande (Peuple Nande de la RD Cong)

Les Nande sont une population bantoue d’Afrique centrale établie dans l’est de la République démocratique du Congo dans les territoires de Beni et Lubero, dans la province du Nord-Kivu, également en Ouganda où ils sont appelés Konjo. Les Nande, constituent dans les territoires de Beni et de Lubero, la population prédominante du point de vue numérique, sont originaires de Muhulungu sur la rive droite proche de la rivière Semliki, et de la côte Ouest du lac Edouard. De cette grotte d’Isonga, Muhiyi, premier explorateur Nande du Nord-Kivu, visita Vitungwe où il installera son «Ekikali» ( ou quartier général), Isale, Malio, Kasongwere.

Les Nandé habitent principalement la province du Nord-Kivu dans les territoires administratifs de Beni et de Lubero, ainsi que dans la ville de Goma et les territoires voisins de Rutshuru, Walikale, Masisi, Nyiragongo. Les Nandé se retrouvent aussi dans la province voisine orientale (ex-Haut Zaïre) ainsi que dans les principales agglomérations du pays. Au regard des statistiques officielles de la République démocratique du Congo, le peuple Nandé représente 60 % de la population de la province du Nord-Kivu (Recensement scientifique de 1984). Dans la région des Grands Lacs, les Nandé sont pacifiques. Ils ont toujours évité toute hostilité privilégiant le dialogue avec les peuples voisins. Le peuple Nandé est connu dans tout le pays et dans les pays voisins (notamment, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, le Kenya et la Tanzanie) comme étant un des peuples les plus entreprenants sur le plan économique. Les hommes d’affaires Nandé approvisionnent toute la sous-région et la République Démocratique du Congo toute entière, non seulement en produits agricoles(légumes, oignons, pommes de terre, choux, carottes, fruits divers, café,thé, papaïne…) par suite du travail de la terre, son bien le plus précieux,mais également en biens industriels et manufactures provenant des contrées lointaines telles que Emirats Arabes Unis (Dubaï), Europe, Hong Kong, Japon, Nigeria, Taiwan etc… Malgré la crise économique qui frappait tout le pays durant le règne de Mobutu, la région de Beni-Lubero et la ville de Butembo ont maintenu une activité économique florissante.Une certaine industrialisation avait commence dans la région a l’initiative de l’élite économique locale. Le peuple Nandé a également produit une élite intellectuelle qui s’est distinguée dans tous les domaines de la vie nationale, et particulièrement :

– dans la société civile et les ONG de développement

– dans l’église catholique et protestante;

– dans l’enseignement supérieur et universitaire;

– dans la gestion publique du pays;
– dans les partis politiques.
Le peuple Nandé a également contribué de façon très importante à la lutte de libération, non seulement en fournissant à l’AFDL de milliers de combattants mais aussi par une contribution financière et matérielle majeure.

Origine et migrations des Nandé

Les Nande, qui constituent dans les territoires de Beni et de Lubero, la population prédominante du point de vue numérique, sont originaires de Muhulungu sur la rive droite proche de la rivière Semliki, et de la côte Ouest du lac Edouard. Bien avant leur installation dans ces montagnes, ils vinrent de Toro par le Busongora, il y a environs 200 ans .

Vers la fin du XVIIIe siècle, les Nande, par diverses migrations successives, s’implantèrent dans les territoires administratifs de Beni et de Lubero, dans le Nord-Kivu, au Congo-Kinshasa. Le Père Lieven Bergmans, ancien missionnaire assomptionniste dans la région (1948-1976), situe leurs origines lointaines dans les grottes du Mont Elgon au Kenya où ils auraient vécu en troglodytes avant leur immigration en Ouganda dans le royaume de Kitara, arrière-garde des grandes migrations des bantu de l’Est à l’Ouest .

Aux environs de cette montagne résident les Nandi. Malgré les affinités de tons, d’écriture et d’appartenance au groupe des bantu, cette ethnie n’a pas de liens avec les Nande car chaque peuple a sa culture propre. Par ailleurs, la tradition orale garde un silence complet sur l’existence de ce peuple. La mémoire la plus ancienne des Nande remonte au royaume de Kitara dans l’ancien Ntoro qui comprenait aussi l’Ankole en Ouganda.

L’implantation des Nande au Congo n’est pas unique en son genre. Elle se situe au XVIIe siècle lors du grand mouvement de migration des bantu composé des Hunde, des Hutu, des Nyanga, des Havu et des Shi, peuples qui habitent autour du Lac Kivu. Pour des raisons politiques, économiques et humaines, les Nande, en particulier, quittèrent leur ancien royaume de Kitara pour s’implanter au Congo.

Ce royaume connut, durant le XVIIe siècle, des changements successifs des ethnies régnantes : les pasteurs Hema, les Hamites Chwezi et les bantu Bito, en provenance du Bunyoro. La branche cadette de ces derniers formera les ancêtres lointains aux chefs des tribus nande, d’abord dans la région de Kitara, ensuite dans la contrée qu’ils occupent actuellement. La classe régnante (bakama) avait associé le reste des fugitifs hema et chwezi aux Nande et les maintint dans la classe inférieure des serfs (bayira).

A la même période, une famine que les Nande, essentiellement agriculteurs ne pouvaient supporter, sévit dans le royaume. Le désir d’autonomie et la lutte pour la survie, auxquels s’ajoutèrent les querelles entre frères du même sang, décidèrent les Nande à chercher un lieu de liberté et de paix avec des terres arables .

Ainsi, selon la mythologie transmise de père à fils, les nande traversèrent la rivière Semliki, sur le dos du dragon pour parvenir à l’autre rive au Congo. A dire vrai, le passage se fit au gué de Kapanza. Au moment de la sécheresse, les pierres émergent de l’eau de sorte qu’on peut facilement traverser le fleuve.

Ce sont ces pointes de pierres qui ont été comparées au dos écailleux du dragon que la tradition narrative véhicule de père à fils comme une mythologie, avec une idée religieuse sous-jacente. Cette traversée mystérieuse fut rendue possible grâce à l’intervention de l’esprit Katulikanzira, qui précèda le convoi des immigrants et les installa au lieu de son choix.

Néanmoins, lors de la traversée, une partie des Nande resta en Ouganda sur la côte est des monts du Ruwenzori et de la rivière Semliki qui séparent le Congo de l’Ouganda. Ceux-ci sont actuellement appelés Kondjo. Ils furent séparés géographiquement et administrativement de leurs frères nande lors du découpage et du partage de l’Afrique entre les grandes puissances européennes en 1885. Ils gardent, toutefois, les mêmes us et coutumes que les nande hormis les nuances linguistiques en kikondjo.

Cette dénomination, kondjo qui est à l’origine du nom bukondjo qui désigne le territoire habité par les Nande en Ouganda dans le district de Kasese, porte parfois une connotation péjorative quand il s’agit d’un interlocuteur arabisé qui parle des nande. Montagnards habitués au climat froid, ils ne résistaient pas beaucoup à la chaleur et à la malaria qui sévissaient dans la plaine de la Semliki lors des campagne négrières à la fin du XIXe siècle.

Devenus familiers du paludisme, les arabisés les surnommèrent bakonjo, déformation du swahili wagonjwa, qui signifie au pluriel ‘malades’. A vrai dire, peuple d’agriculteurs, Bakonjo provient de la déformation du kinande Bakondi qui signifie « abatteurs d’arbres ». Cette activité avait pour but de créer des espaces arables .

Vers la fin du XVIIe siècle, l’occupation de la région, qui deviendra avec la conquête coloniale les territoires de Beni et de Lubero, s’effectua en quatre vagues successives : des Bahera et des Bakira, des Bashu suivis des Bansongora et des Banisanza dans la zone de Beni jusqu’au pied des monts Ruwenzori. Les Baswagha, les Bamate et les Batangi dans la zone de Lubero constituèrent la seconde vague de migration. Enfin le groupe hétérogène des derniers arrivés était une fois de plus composés des Baswagha, des Batangi, des Basengu, et des Bahambo. Ils se détachèrent de leurs frères restés en Ouganda actuellement connus sous les dénominations des Baniangala, Bahambo et Baseru.

La Grotte de MUHIYI, Premier Nandé de Beni-Lubero

C’est ici que le Chef MUHIYI, premier Nandé du Nord-Kivu à traverser la rivière Kalemba (actuelle Semliki) au 19 nième siècle en provenance du Royaume de Kitara (Ouganda) se reposa avec son chien de chasse pendant plusieurs semaines.

Grotte historique des Nandé

De cette grotte d’Isonga, Muhiyi, premier explorateur Nandé duNord-Kivu, visita Vitungwe où il installera son « Ekikali » ( ou quartier général), Isale, Malio, Kasongwere. La région était alors peuplée d’éléphants, des lions, des léopards, etc. À l’arrivée des Nandé, les Pygmées prirent le large dans la forêt vers l’Ouest. Il n’ y avait pas eu de combat ni de génocide. Cette grotte d’Isonga est ainsi le symbole de l’exploration et de l’installation pacifiques du Nord-Kivu par Muhiyi ( un nom qui veut dire chasseur en Kinande). La grotte d’Isonga est donc aussi le symbole du pacifisme du Munande et de se coexistence pacifique avec les pygmées, les premiers citoyens de la R.D. Congo. Cette Grotte se trouve en Territoire de Beni, collectivité des Bashu,groupement Bunyuka, village d’Isonga-Vungwe, non loin de la rivière Talihya, au pied du Mont Mughulungu.

Proverbe nande :

Olucho lunene l’wingirya nde“.