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Dans la province du Nord-Kivu, dans la partie Est de la République démocratique du Congo, de nombreuses femmes perdent la vie au moment de l’accouchement par manque de salles d’accouchements adéquats. En plein 21ème siècle reconnu comme le plus moderne de l’histoire de l’humanité, les salles d’accouchement de la plupart des centres de santé et de certains hôpitaux qui fonctionnent dans cette partie du pays manquent de tout. Pas de lit d’accouchement ni personnel médical qualifié, pas de chaises ni tables, pas de médicaments ni matériel médical, etc…

Dans un rapport de l’ONG Save The Children publié en 2018, la RDC est classée 179 ème pays sur 179 suivant l’indice des mères qui meurent à l’accouchement.  Selon toujours la même source, Cette situation risque de s’aggraver car présentement 4% seulement du budget national est alloué au secteur de la Santé est 0,3%  sont  uniquement destiné à la réduction de la Mortalité maternelle et infantile depuis 2017 à nos jours. Selon les experts Abdo Manengo, si rien n’est fait au Nord-Kivu pour améliorer les conditions de travail dans les salles d’accouchement, une femme ou fille congolaise sur cinq risqueront de mourir chaque jour en raison de problèmes liés à la maternité notamment au moment de l’accouchement.

Habitante de Sake, une cité située à 40 Km à l’ouest de Goma, la capitale du Nord-Kivu, Pauline Omeni, mère de 6 enfants témoigne : « la situation est plus grave qu’on ne le pense. Dans certains centres de Santé du Nord-Kivu, les salles d’accouchement sont devenues des salles de torture pour les femmes qui viennent donner la vie. On y manque de tout à telle enseigne qu’aller accoucher est un acte de bravoure. On craint d’y perdre la vie soi-même et son bébé.» Elle n’est pas la seule à avoir vécu ces désagréments. « Honnêtement, j’ai considéré  mon premier accouchement comme un viol. Le personnel médical commis à me faire accoucher n’avait presque rien, ils étaient là  à m’observer. ‘’Pousse, pousse, pousse’’, m’encourageaient-ils. J’étais juste sur un petit lit demandant à mon Dieu de me faire sortir de la vivante avec mon enfant», raconte Estelle Mulindwa, qui vit dans la périphérie de Goma. Des témoignages qui donnent froid au dos.

De la loi
Toutes ces mauvaises pratiques sont contraires à la législation congolaise qui a tout prévu pour permettre à la femme congolaise d’accoucher dans de bonnes conditions. En effet, l’article 14 de la loi n°15/013 du 1er aout 2015 portant modalités d’application des droits de la femme et de la parité stipule clairement que : «L’Etat garantit à la femme, pendant la grossesse, à l’accouchement, et après l’accouchement, des services de soins de Santé appropriés à coût réduit , à des distances raisonnables et, le cas échéant, à titre gratuit ainsi que des avantages socioprofessionnels acquis.»  D’après cette loi, les opérateurs médicaux devraient remplir un certain nombre de conditions pour ouvrir une maternité, notamment avoir une salle de  naissance bien équipée remplissant les normes médicalement prouvées dans un centre de Santé.
Des manquements que déplore Laurent Katembo, chef de division de la santé au Nord-Kivu  « Incroyable de voir que des femmes  congolaise à nos jours puissent encore donner la vie dans des conditions aussi macabres qu’il y a un siècle. En tant que représentant de l’Etat en matière de la Santé en province, nous demandons au corps médical de respecter et de faire respecter la loi n°15 afin de garantir aux femmes des soins appropriés au moment de l’accouchement».
Selon les normes édictées par la législation, la salle de travail, salle de naissance ou salle d’accouchement est une pièce dédiée aux accouchements dans les hôpitaux, les cliniques et centres des Santé. Elle est spécialement conçue pour être confortable et pratique durant l’accouchement. Cette salle doit-être équipée d’un lit facilitant les positions d’accouchement, du personnel médical spécialisé, accompagner  également des sages-femmes, d’un auxiliaire de puériculture, un médecin anesthésiste juste au cas où l’accouchement demande une péridurale. Que de vains mots dans la plupart des formations médicales du Nord-Kivu.
La mortalité à l’accouchement peut être évitée
A en croire le Docteur Yves  médecin Directeur de l’hôpital Provinciale du Nord-Kivu : « chaque jour, plusieurs femmes meurent pendant un accouchement. La mortalité maternelle peut se produire à n’importe quel moment ou stade de la grossesse, mais l’accouchement est de loin la phase la plus dangereuse pour la mère comme pour le bébé. La grande majorité de ces décès peut être évitée si la femme enceinte a accès aux soins obstétriques adéquats. »

La précarité quasi générale constatée dans la plupart des structures médicales de la ville de Goma s’accentue au fur et à mesure que l’on s’éloigne vers les zones rurales. Pourtant, les femmes habitant ces zones, les camps de réfugiés ou les déplacées de guerre ont non seulement droit, mais également besoin de la même assistance que toutes les autres femmes vivant en milieu urbain. Pour le Docteur Baabo expert en santé de la reproduction  rencontré à Goma : « hormis les femmes qui accouchent dans des grands hôpitaux et Centres reconnues  dans la ville de Goma ou les conditions requise précité sont réunis, les autres  femmes qui enfantent ailleurs et s’en sortent sont considérées comme de véritables miraculeux. »
Papy Okito Teme