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(Syfia Grands Lacs/RD Congo) Dans les deux Kivu, les braquages des coupeurs de route sont le cauchemar des voyageurs. S’ils restent courants au Nord-Kivu, au Sud-Kivu, ils sont moins fréquents depuis que l’armée intervient.
Tôt le matin, sur le parking des véhicules à destination de Goma, le responsable de Meproba, une agence de transport, s’approche d’un minibus sur le point de partir. « De grâce, chers clients, que personne n’écrive de SMS aux bandits: nous savons que ce sont les passagers qui les préviennent! » Tous les voyageurs se regardent timidement. « Que chacun surveille que son voisin n’écrive pas, ajoute-t-il. D’ailleurs, vous allez tous carrément éteindre vos téléphones. »
Les 300 kilomètres entre Goma et Butembo sont un calvaire à cause des nombreux braquages. En particulier « aux environs de Kahunga, à une dizaine de kilomètres de Kiwanja », relate un habitué du trajet qui raconte son agression: « Un trio de jeunes gens armés sont sortis de la forêt; deux se sont mis en position de tir pendant que le troisième collectait nos téléphones et nos objets de valeur. »
Au Sud-Kivu, la situation est meilleure. « Tout est calme », selon le colonel Opiabondani, responsable de l’armée à Uvira, au Sud-Kivu, ce que confirme l’officier supérieur de l’armée, André Byadunia, président du Conseil territorial des jeunes d’Uvira. Les quatre derniers braquages datent de janvier, lorsque des hommes armés ont attaqué des bus allant de Bukavu à Uvira. Depuis lors, son organisation a entrepris des démarches auprès des autorités pour que les militaires sécurisent efficacement ces tronçons routiers. Désormais, des hommes des troupes circulent dans ces coins entre 17h et 21h, heure à laquelle la circulation des véhicules est réduite. Un journaliste de la radio Mitumba d’Uvira a d’ailleurs assisté, en mars, à la présentation, par le bureau de renseignement militaire d’Uvira, de sept présumés braqueurs dans la plaine qui doivent passer devant le juge. Des efforts qui rassurent de nombreux voyageurs.
Camouflage et complicité des délinquants
Jusqu’alors, les braquages étaient fréquents et franchir certaines zones sans encombre relevait de la grâce divine. Tout au long de la route, des voyageurs ne cessaient d’implorer l’éternel pour qu’il les protège. Des bus ne démarraient pas avant qu’un « homme de Dieu » ne vienne solliciter le Tout puissant de sécuriser « ses enfants » tout au long du voyage, comme il l’a fait pour ceux d’Israël que conduisait Moïse. Un tronçon de route à quelques 20 kilomètres au nord d’Uvira, est même surnommé « Yesu Yesu (Jésus) », ce que scandent les passagers lorsque le véhicule y arrive. Beaucoup de commerçants et particuliers ont perdu d’importantes sommes d’argent et biens de valeur. « C’était un bastion des rebelles burundais du Front national pour la libération (FNL), hostiles au régime de Bujumbura, qui y semaient terreur et désolation, avoue le colonel Opiabondani, responsable de l’armée à Uvira. Mais depuis que des opérations de démantèlement sont menées, ils se sont enfuis dans les moyens et hauts plateaux d’Uvira. »
Au Nord comme au Sud-Kivu, la circulation des armes parmi les civils, en particulier chez les jeunes désœuvrés est un défi majeur malgré la fin des conflits. Michel Katembo, un voyageur au Nord-Kivu, raconte le braquage auquel il a assisté: « Le bus qui nous précédait a essuyé des tirs. Mais il y avait dedans un militaire qui a répliqué avec son arme, tuant ainsi l’un des bandits. Ses complices ont fui et nous avons constaté que c’était un jeune qui avait fui la prison lors des troubles. »
Pour cet officier des FARDC, « des jeunes qui cherchent à s’enrichir sans fournir d’efforts se font coupeurs de route. Ils sont aidés par la circulation actuelle des armes entre les mains des civils. » Certaines indiscrétions du côté de l’armée affirment que le commandement d’Uvira souhaiterait boucler la zone pour procéder au désarmement de toutes ces personnes. Mais sans autorisation de la hiérarchie, rien ne peut se faire, disent-elles, la mort dans l’âme. Elles ajoutent que des équipements font aussi souvent défaut. L’armée devrait disposer de matériels roulants suffisant pour intervenir à temps. Seules quelques jeeps de commandement sont à sa disposition pour couvrir tout un territoire…
Beaucoup pointent aussi les complicités possibles. Ainsi Hubert Mashukano, président de la société civile de Rutshuru, au Nord-Kivu, pour qui « il n’est pas compréhensible que ces hors-la-loi puissent opérer à quelques kilomètres du chef-lieu du territoire sans la complicité de quelques-uns de nos compatriotes. Certains passagers ou conducteurs, dès le départ du véhicule, communiquent avec des bandits en route pour leur informer les personnes munies d’importantes sommes d’argent à bord du bus et éventuellement l’endroit où ils les placent », constate aussi le colonel Opiabondani.
Les voyageurs, eux, en sont persuadés. « Par quelle magie des malfrats peuvent savoir qu’une femme a caché de l’argent dans un pain sans en être informés? », s’étonne un voyageur d’Uvira. En janvier, une commerçante à qui le conducteur du véhicule avait conseillé de placer de l’argent dans un pain s’est vue ravir uniquement ce pain-là, rien d’autre!

16 commentaires sur « Nord-Kivu et Sud-Kivu: Les coupeurs de route, terreur des voyageurs »

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